L’option militaire suffirait-elle pour mettre fin à la crise du M23 ?
Le mardi 8 novembre, l'Assemblée nationale de la RDC a voté une recommandation par laquelle elle a décidé d’exclure l’option de dialogue avec le Mouvement du 23 mars (M23) qu’elle a déclaré groupe terroriste. Quelques jours plutôt, le Conseil supérieur de la défense congolais avait décidé d'expulser Vincent Karegeya, ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa.
De plus, le Conseil supérieur de la défense a décidé d'accroître la force de frappe des forces de défense et de sécurité contre le M23 et de prendre des mesures visant la restriction d’accès au territoire congolais au Rwanda.
Au regard de toutes ces mesures, le gouvernement congolais est-il en mesure d'assumer l'option militaire et renoncer à la diplomatie pour dénouer la crise sécuritaire liée à la résurgence du M23 ?
Bonjour et bienvenue dans ce 37e épisode de la saison 2 de Po Na GEC, la capsule audio qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Agenonga Chober, chercheur principal pour les Uélé au sein du pilier violence d’Ebuteli, partenaire de recherche du Groupe d’étude sur le Congo, un centre de recherche de l’Université de New-York. Nous sommes le vendredi 11 novembre 2022.
Depuis la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda, plusieurs mesures visant directement ce pays avaient déjà été prises. Il s’agit entre autres de la suspension du vol de sa compagnie d’avion, RwandAir.
Le soutien du Rwanda aurait été déterminant et la RDC dénonce une agression rwandaise. Déjà au mois de mai dernier, l’ambassadeur rwandais avait déjà été convoqué par le gouvernement de Kinshasa pour lui notifier sa désapprobation du soutien de son pays, le Rwanda, au M23 et ce, après que les FARDC ont capturé, le 28 mai 2022, deux éléments de l’armée rwandaise, RDF, présumés soutenir le M23.
C’est dans ce même contexte que, dans son adresse à la nation le 3 novembre, le chef de l’État congolais a appelé la jeunesse à se mobiliser et à se constituer en groupes de vigilance face au M23, discours très ambigu qui a alimenté des interprétations diverses au point que certains y voient une incitation à la création des groupes d’autodéfense.
Cependant, sur le terrain de combat, la RDC semble avoir changé de tactique et ce, depuis le déploiement des avions de chasse Sukhoi S-25, le 7 novembre, dont un appareil, vraisemblablement égaré, a atterri à Rubavu au Rwanda avant de décoller pour regagner la RDC.
Le Rwanda a qualifié cet incident de « violation de son espace aérien » et de « provocation ».
Au lendemain de cet incident, la RDC a intensifié des frappes aériennes visant les positions du M23, notamment à Rutshuru, Kiwanja, Rugari et Bunagana. Mais l’option militaire sur laquelle la RDC semble désormais compter sera-t-elle suffisante pour mettre un terme à la rébellion du M23 ?
Si l’on s’en tient aux dynamiques du terrain, force est de constater que, d’abord, la seule option militaire paraît inefficace pour mettre un terme à la rébellion du M23 au regard non seulement du nombre d’entités qu’il contrôle, mais aussi de sa ramification extérieure et au regard du dysfonctionnement constaté au sein des FARDC. Si le chef de l’État congolais en a appelé à la mobilisation des jeunes dont certains se sont déjà enrôlés au sein des FARDC, ce n’est pas en quelques jours qu’ils achèveront leur formation pour soutenir l’armée congolaise. De plus, le problème de l’armée congolaise est beaucoup plus structurel alors que les solutions envisagées jusqu’à présent sont conjoncturelles et ne sont pas de nature à apporter des solutions immédiates là où il faut approfondir la réforme.
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