L'école à distance : Quand nos vies confinées réinterrogent la place du travail
Une parole d'expert avec Laurent Denizeau, docteur en anthropologie et enseignant-chercheur à l'université catholique de Lyon.
En obéissant à l'injonction de continuer les programmes, la continuité pédagogique n'est-elle pas en train de transformer les enseignants en superhéros ? Tous confinés qu'ils sont, les profs veulent bien faire jusqu'à en faire parfois trop. Laurent Denizeau analyse la place tyrannique du travail dans cette situation exceptionnelle et les angoisses qu'elle génère.
La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.
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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.
Interview animée en avril 2020 par : Claude Pereira Leconte
Directrice de publication : Marie-Caroline Missir
Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance
Mixage : Simon Gattegno
Secrétariat de rédaction : Valérie Sourdieux
Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr
© Réseau Canopé, 2020
Transcription :
CLAUDE PEREIRA LECONTE | Nous parlons aujourd'hui de la place du travail dans nos vies en période de continuité pédagogique. Nous recevons Laurent Denizeau. Bonjour !
LAURENT DENIZEAU | Bonjour !
CPL | Laurent Denizeau, depuis le début du confinement, les enseignants sont extrêmement mobilisés pour assurer la continuité pédagogique. Est-ce que ce temps de travail hors-cadre habituel peut présenter des risques et si oui, lesquels et pourquoi ?
LD | Oui, effectivement je crois surtout qu’il y a quelque chose de très anxiogène dans la continuité pédagogique, non pas évidemment dans l'idée de garder le lien qui nous unit, ce qui a tout son sens dans cette période d'isolement que constitue le confinement. S'il y a quelque chose de très anxiogène, c'est dans notre manière de nous emparer de la continuité pédagogique. Nous sommes en train de traverser une crise dont on découvre au fur et à mesure des jours qu'elle est majeure. Et une crise finalement à laquelle nous n'étions pas du tout préparés. Je ne dis pas ça sur un plan sanitaire, bien sûr, puisque je ne suis pas du tout compétent en la matière. Mais si je dis que nous n'y étions pas du tout préparés, c'est sur le plan des représentations culturelles. Nous n'avons pas pensé pouvoir être atteints par ce qui se passait en Chine. Nous pensions être à l'abri et d'ailleurs, ce qui est intéressant, c'est de se rendre compte combien le mot même d’« épidémie » a quelque chose d'un peu désuet, d'un peu archaïque pour nous. En dehors de ce que nous vivons, il y a quelques mois lorsque l'on disait « épidémie » dans nos imaginaires, ça pouvait faire référence à la peste que l'on ne connaît plus dans notre culture depuis déjà assez longtemps, mais des gens meurent encore de nos jours de la peste. Nous avions cette idée que la science nous met à l'abri de tout ça, des épidémies. On pourrait voir là une forme de réalisation du rêve, du philosophe Descartes, qui était de devenir maître et possesseur de la nature. Et je crois qu'effectivement dans cette crise, nous sommes en train de tomber de haut. Nous sommes en train de nous rendre compte que nous tombons de haut. Pourquoi ? Parc...
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