La prise en compte des besoins sexuels des soldats, notamment durant les périodes de guerre, ou de cantonnement dans des garnisons éloignées, n'est pas nouvelle.
Ainsi, lors de la troisième Croisade, à la fin du XIIe siècle, Philippe Auguste aurait fait venir des prostituées sur place. Le monarque, assez prude, voulait ainsi lutter contre l'homosexualité, assez fréquente dans les camps, et limiter les cas de viols.
Tout au long de l'histoire moderne, ces prostituées accompagnaient souvent les armées. Soucieuses d'enrayer la transmission de maladies sexuellement transmissibles, comme la syphilis, les autorités militaires prévoient bientôt des locaux spécifiques, où les soldats pourront rencontrer des prostituées.
On les appellera, d'un nom officieux, les "bordels militaires de campagne", ou BMC. Les premiers apparaissent au XIXe siècle, à l'occasion de la conquête de l'Algérie.
Ils arriveront en métropole, au début de la Première Guerre mondiale, mais seront réservés, dans un premier temps, à l'usage des troupes coloniales. En effet, les préjugés racistes sont tenaces. Il ne saurait être question que des soldats venus d'Afrique aient des relations intimes avec des femmes blanches.
Ces bordels de campagne sont aussi une manière de lutter contre la propagation des maladies vénériennes. En effet, les prostituées qu'on y trouve doivent être dûment enregistrées, auprès de la mairie ou de la préfecture de police de Paris.
Elles subissent alors un examen de santé et un contrôle militaire. Des mesures qui se révèleront d'ailleurs peu efficaces, puisque 20 à 30 % des soldats seront infectés par la syphilis durant la Grande Guerre.
Ces bordels militaires sont souvent de simples tentes ou des camions, même si on leur alloue parfois des locaux spécifiques. Présents durant la Seconde Guerre mondiale, puis pendant les conflits coloniaux, comme les guerres d'Algérie et d'Indochine, ces lupanars semi officiels ne sont plus tolérés, en métropole, après 1945.
En 1946, en effet, une loi, inspirée par Marthe Richard, ancienne prostituée devenue aviatrice et conseillère municipale de Paris, entraîne la fermeture des maisons closes. Les derniers "BMC", en Guyane et à Djibouti notamment, fermeront leurs portes quelques décennies plus tard.
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