Tshisekedi devant le Parlement : l’heure du bilan
Contrairement à son premier discours sur l’état de la nation, c’est devant un congrès acquis que Félix Tshisekedi s’est acquitté de son devoir constitutionnel. Durant près de deux heures et demie, le président candidat a dressé un bilan plutôt positif de ses réalisations durant son premier mandat. Est-ce justifié ?
Bonjour ! Je m’appelle Fred Bauma. Je suis directeur exécutif de Ebuteli. Nous sommes le vendredi 17 novembre 2023. Vous écoutez le 45e épisode de la saison 3 de Po Na GEC.
Dans son discours de prestation de serment le 24 février 2019, Félix Tshisekedi, l’opposant devenu président, annonçait huit grandes priorités de son gouvernement. Ces priorités allaient de la pacification du pays, à la lutte contre la pauvreté, en passant par la lutte contre la corruption, la refondation de l’État de droit, la promotion d’une presse libre, et la construction d’infrastructures.
Cinq ans plus tard, et alors que la campagne électorale débute dans 48 heures, le dernier discours sur l’état de la nation du président revient sur ces différentes priorités. Pendant près de la moitié de son discours, Félix Tshisekedi a abordé les actions entreprises pour résoudre les conflits dans plusieurs parties du pays, réformer la justice et promouvoir la décentralisation. Trois thèmes importants pour lesquels le président a consacré des efforts importants mais où les résultats se font encore attendre.
Le président est revenu avec raison sur ses efforts dans la réforme de l’armée. Sous Tshisekedi, la République s’est dotée d’une politique de défense, d’une loi sur la réserve armée de la défense et d’une loi de programmation militaire. Les dépenses de l’armée ont augmenté significativement, atteignant près d’un milliard de dollar américain en 2022. Plusieurs milliers des jeunes recrues au sein de l’armée ont été formées ou sont en cours de formation. L’état de siège a été proclamé dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Le président a, en outre, mis en place du Programme de démobilisation, désarmement et relèvement communautaire et stabilisation, PDDRC-S. Enfin, plusieurs efforts régionaux ont été entrepris pour faciliter la fin des conflits dans la région.
Cependant, à la veille des élections, ces différentes initiatives peinent à montrer leurs effets. La crise sécuritaire s’est étendue dans des cités jadis relativement pacifiées tandis que le nombre de déplacés internes a augmenté drastiquement atteignant des pics historiques jamais atteint depuis 2006. Aussi, malgré l’investissement dans l’armée, cette dernière reste dépendante de l’intervention extérieure, comme le démontre la présence des contractants militaires privés dans l’est de la RDC, ou encore le recours répétitif aux missions régionales comme la force régionale est-africaine, et la force de la SADC  annoncée par Félix Tshisekedi. Enfin, le PDDRC-S, porteur d’espoir pour la démobilisation, tarde encore à être fonctionnel. Les dynamiques de démobilisation massive des groupes armés observées au début du mandat de Félix Tshisekedi ont cédé la place à une forte militarisation des milices locales sous forme « patriotes résistants », autrement appelé « wazalendo ».
Les résultats de la réforme de la justice et la a dans le bilan de Félix Tshisekedi ne semblent pas aussi éclatants que le suggère le discours de Félix Tshisekedi. Sur la justice, sous Tshisekedi, 5000 magistrats ont effectivement été recrutés et des actions disciplinaires ont été entreprises contre d’autres magistrats. Cependant, les traitements de nombreux procès symboliques donnent l’impression d’une mainmise du politique sur la justice,  pratique pourtant décriée par le président. Dans un échange avec les Congolais en juillet de cette année, le président reconnaissait lui-même les limites de ses actions sur la justice : « S’il y a un bémol à mettre sur mon bilan, je ne suis pas satisfait du bilan dans le domaine de la justice.»
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