Élections en RDC : l'opposition face au défi de l’unité
Réunis à Pretoria sous l’égide de l’ONG sud-africaine In Transformation Initiative (ITI), les représentants de cinq candidats de l’opposition politique sont parvenus, le 17 novembre, à mettre sur pied une feuille de route pour la constitution d’une plateforme électorale dénommée « Congo ya makasi ». Cette feuille de route comprend un programme commun de gouvernance et dégage les critères d’une candidature commune à la présidentielle de décembre. Une semaine plus tard, l’unité espérée semble incertaine. Quelle en serait l’incidence sur la présidentielle du 20 décembre ?
Bonjour ! Je m’appelle Jean-Baptiste Bagula. Je suis fellow à Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. Nous sommes le vendredi 24 novembre 2023. Vous écoutez le 46e épisode de la saison 3 de Po Na GEC, la capsule audio d'Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), qui éclaire, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise.
Les travaux de Prétoria auraient pu constituer une bonne base pour l’opposition de proposer une candidature commune à la présidentielle. D’autant que, dans un contexte électoral à tour unique, le président de la République est élu à la majorité simple des suffrages exprimés. La désignation d’un candidat commun de l’opposition pouvait alors éviter la dispersion des voix et fédérer les forces en faveur du candidat désigné. Bien plus, elle pouvait permettre de mutualiser les moyens afin de mener une campagne électorale optimale dans un pays réputé continent.
Les écueils de la classe politique congolaise n’ont pas permis d’atteindre cet objectif. Les événements qui ont suivi les travaux de Pretoria le démontrent. Dès la clôture de ces discussions, la feuille de route conçue n’a pas reçu l’aval du candidat Martin Fayulu. Celui-ci a soutenu que « ce qui prime, c’est d’abord la mise en place d’une large coalition afin de lutter contre les fraudes électorales et garantir la transparence des élections, préalablement à la question de candidature unique ».
À l’heure où nous enregistrons cette capsule audio, seuls les candidats Matata Ponyo, Franck Diongo et Seth Kikuni se sont retirés de la course au profit de Moïse Katumbi, reconnaissant que « l'urgence d'une candidature unique de l'opposition s'impose comme la meilleure stratégie » pour faire face à ce qu’ils qualifient de « plan macabre [du pouvoir] contre l’avenir de notre nation ». Ils se regroupent ainsi derrière Moïse Katumbi qui, selon eux, est apparu, lors des tractations de Pretoria, comme le « candidat capable de conduire l’opposition vers la victoire ».
Pour l’instant, le candidat Delly Sesanga poursuit l’élan de sa campagne électorale, sans se prononcer sur la question. Martin Fayulu et Denis Mukwege, dont les délégués ont pris part aux travaux de Pretoria, quant à eux, se sont montrés ensemble jeudi lors de la publication d’un communiqué conjoint annonçant une plainte contre le président de la Commission électorale nationale indépendante.
Il semble acquis que l'opposition n'a pas réussi à concrétiser l'unité en vue de l'élection présidentielle imminente. Cependant, l'absence d'une candidature commune, bien que susceptible de fragmenter les votes de l'opposition, ne signifie pas nécessairement une défaite inévitable. Les résultats de l'élection précédente en 2018 ont démontré que l'opposition avait réussi à remporter la victoire contre le pouvoir sans présenter de candidature unique. À l'inverse, bien que l'unité autour d'une candidature commune puisse accroître les chances de succès, elle ne garantit pas automatiquement la victoire. La dynamique de la campagne électorale et la capacité des acteurs impliqués à surveiller le déroulement du processus de vote joueront un rôle tout aussi crucial.
D’ici là, vous pouvez recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone, en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542. À bientôt !
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