Ce n’est que depuis 2015, et grâce aux travaux de l’équipe du Professeur Zeman, que l’aphantasie est décrite avec précision dans la littérature scientifique. Cette incapacité à produire des images mentales empêche les individus concernés de se rappeler avec précision des évènements passés, mais aussi de se projeter visuellement dans le futur. Toujours en cours d’étude, le phénomène peut découler d’une opération chirurgicale ou d’une maladie affectant certaines zones du cerveau, mais il est aussi inné chez une partie de la population atteinte, qui en souffre depuis la naissance.
Ce qui caractérise l’aphantasie
Il faut d’abord différencier l’aphantasie, incapacité à formuler des images imaginaires, de l’incapacité à prendre conscience des visuels formulés par le cerveau, qui relève plutôt des problèmes de cognition. Bien que certains sujets aient ponctuellement pu voir des images dans leur tête, par exemple durant un rêve, ils sont généralement incapables de se représenter des objets, des lieux ou des personnes.
Il existe plusieurs degrés dans l’aphantasie, allant d’une incapacité complète à imaginer la moindre représentation à la difficulté à se représenter des détails dans les images visualisées. Dans tous les cas, les personnes qui souffrent d’aphantasie éprouvent un grand mal à voir des formes ou des couleurs dans leur tête. Si on leur demande de décrire une chaise, elles pourront donner des indications factuelles sur la présence d’un dossier, de quatre pieds et d’une assise, mais elles n’arriveront pas à imaginer la couleur, la texture ou le design de l’objet.
Les personnes atteintes d’aphantasie appréhendent donc le monde en s’appuyant davantage sur des concepts verbaux et spatiaux. Elles peuvent développer une très bonne mémoire des faits et des détails qui compense partiellement l’absence de souvenirs visuels.
L’aphantasie s’accompagne, dans environ un quart des cas, d’une faible imagination sensorielle. Les individus ont alors aussi du mal à s’imaginer une sensation tactile ou une mélodie.
Les causes pouvant expliquer l’aphantasie
C’est essentiellement le processus de fonctionnement du cerveau qui diffère entre une personne aphantasique et une personne lambda. La piste génétique est activement explorée, car le phénomène touche volontiers plusieurs membres d’une même famille.
Les études qui se sont penchées sur l’aphantasie montrent que les zones du cerveau associées au traitement des images et à la mémoire visuelle réagissent autrement chez les individus concernés par le trouble. En particulier, le cortex visuel, siège du traitement et de l’interprétation des informations visuelles, semble fonctionner différemment, ce qui pourrait expliquer l’incapacité à imaginer des visages, des paysages ou des objets.
Concrètement, les zones du cerveau liées à l’imagination visuelle des aphantasiques présentent des différences de structure ou de fonctionnement qui freinent ou empêchent la production d’images cérébrales. Les scientifiques doivent cependant approfondir les recherches pour déterminer quels sont les mécanismes exacts responsables de ce trouble.
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