Geneviève Brisac, écrivaine poignante, savante et immense lectrice de Virginia Woolf est l’invitée du 97e épisode de La Poudre. Avec Lauren Bastide, elles ont parlé de Virginia, de génie et de folie. L’édito de Lauren : Je ne sais pas si je vous ai dit combien j’aimais le Carreau du Temple, son équipe, ce lieu, les idées qui y circulent. Le cycle de rencontres « Parole aux savant·e·s » aurait dû avoir lieu sur la scène de son auditorium, mais bon ça s’est passé surtout sur Zoom. Mais même sur Zoom, on pouvait sentir la bienveillance et la passion du Carreau derrière ces rencontres. Donc vraiment je voulais encore leur dire merci. En mars, je me souviens, j’étais un peu au bout du rouleau à cause des confinements successifs et puis du reste. Pour la rencontre prévue le 8 mars, j’ai eu vraiment envie de me faire un cadeau et de vous faire un cadeau en parlant de ma personne préférée dans toute l’histoire du féminisme : Virginia Woolf. Et je l’ai fait avec une femme aussi érudite que bienveillante : Geneviève Brisac. Et c’était fabuleux. En réécoutant cet épisode, je retrouve la joie que je cherchais à convoquer ce soir-là. Mission, donc, accomplie. Les rencontres au Carreau peuvent reprendre en présentiel ce mois-ci, donc joie, joie et encore joie. Résumé de l’épisode : Geneviève Brisac est une autrice prolifique à l’écriture merveilleuse qui depuis toujours rend hommage aux nombreuses écrivaines et artistes dont le travail l’accompagne. Virginia Woolf est l’une de ces figures, peut-être la plus centrale. Geneviève Brisac admire ainsi sa capacité à dire vrai sur elle-même (09:37), à se livrer sans fard, dans tous les états de son être et jusque dans les replis de sa folie, à laquelle elle assimile la maladie (10:57). C’est d’ailleurs dans la maladie que Geneviève Brisac s’en est fait une compagne de route (13:43). Une compagne qui apporte souvent de la combativité et de l’espoir, même si, comme Sylvia Plath, elle a fini par le perdre elle-même (15:53). Dans ses journaux, l’écrivaine britannique se livre toute entière, à commencer par la relation complexe qu’elle entretient avec sa mère et l’admiration qu’elle lui voue malgré son incapacité à se conformer au modèle d’ange du foyer qu’elle lui renvoie (28:33). Elle évoque également son quotidien à Bloomsbury, entourée de sa sœur, son frère et des amis de ce dernier, petit groupe au cœur de l’effervescence intellectuelle de l’époque (31:13). Une expérience de remise en question des normes de genre et des relations qui pourrait aisément trouver son parallèle dans le bouillonnement de mai 68. Bien qu’elle soit parfois renvoyée à sa position aristocratique, pour Geneviève Brisac Virginia Woolf est une figure transgressive, qui avait choisi un quotidien bien loin des carcans de sa classe et de son genre, ou qui cherchait par exemple à construire une relation de couple égalitaire (36:30). Les réflexions qu’elle menait avec son entourage font ainsi écho bien après son temps, comme lors de la redécouverte d’« Une Chambre à soi » dans les années 1970 (43:01). Sa lectrice fidèle constate à quel point la guerre a balayé toutes ces avancées, les effaçant de l’histoire (39:02). Le suicide de l'écrivaine est d’ailleurs éminemment politique selon Geneviève Brisac (1:03:25), lié à son découragement face à la violence. Ses textes, qui sont parfois ardus mais valent toujours le travail entrepris pour les appréhender (59:00) résonnent fort avec les réflexions actuelles des mouvements féministes (1:06:00). Et si vous hésitez encore à aller à sa rencontre, les mots émouvants de Geneviève Brisac sur l’œuvre magistrale de Virginia Woolf et sur tous les mystères qu’elle recèle encore (1:12:18) ne peuvent que finir de vous convaincre. Bonne écoute, et continuez de faire parler La Poudre ! La Poudre est une émission produite par Nouvelles Écoutes Réalisation et générique : Aurore Meyer-Mahieu Programmation et coordination : Gaïa Marty Mixage : Marion Emerit See Privacy Policy at htt
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