Kaoutar Harchi, brillante autrice, sociologue et chercheuse, est l’invitée du 92e épisode de La Poudre. Avec Lauren Bastide, elles ont parlé d’identité, de reconnaissance et de fémonationalisme. L’édito de Lauren : Je vous parle d’un jeudi où l’on attend une annonce gouvernementale qui nous dira ce qu’on a le droit de faire ou de pas faire le soir et le week-end. Comme la plupart des françaises et des français, je suis partagée entre la résignation et la rage. Le fatalisme et l’inquiétude. À cause de ça, de ces informations fluctuantes, flippantes, sur la pandémie qui décime nos aîné·e·s et nos proches les plus fragiles depuis bientôt un an, j’avoue que je consulte un peu moins les médias qu’avant. Moi qui vis sous perfusion d’infos depuis plus de vingt-cinq ans, j’ai remplacé les flash radios du matin par des playlists, désinstallé les réseaux sociaux de mon téléphone et rationnalisé ma consultation des sites de médias auxquels je reste abonnée. Ce qui ne m’empêche pas d’entendre monter une petite musique de plus en plus angoissante. Rien que là, cette semaine, les attaques contre Assa Traoré se sont multipliées, Médiapart a révélé un courant néo-nazi au sein de l’armée française, la loi sécurité globale s’apprête à passer au Sénat, donnant des pouvoirs colossaux à la police et cerise sur le gâteau, Manuel Valls annonce qu’il fera son retour en 2022. Bref, pendant qu’on cause – ou qu’on ne cause pas –, du Covid 19, le racisme d’état continue sur sa lancée. Heureusement mon invitée, la sociologue Kaoutar Harchi, reste elle pleinement connectée à l’actualité, pleinement ancrée dans le présent, vivement consciente des enjeux du moment et de la nécessité de porter haut et fort, partout où elle le pourra, la pensée féministe intersectionnelle. Résumé de l’épisode : Kaoutar Harchi est sociologue et autrice. Ses écrits voyagent de la fiction à la tribune et dans la période actuelle, face aux rhétoriques de l’extrême-droite (05:35) et à l’islamophobie qui gagnent du terrain (07:33) elle use de sa plume lumineuse pour mener des combats féministes intersectionnels. Préoccupée par la nette différence entre les mobilisations contre le projet de loi sécurité globale et celui sur les séparatismes, elle note cependant l’espoir apporté par les grandes mobilisations antiracistes récentes (08:50). La violence de la réponse institutionnelle et gouvernementale est, selon elle, le signe que ce rapport de force ébranle enfin le statu quo (11:54). Née à Strasbourg (20:35), elle quitte cette ville dès qu’elle le peut, jonglant avec la complexité de ce départ grâce à l’acte aussi gratuit que nécessaire de l’écriture (21:44). Acte coûteux pour elle, par certains côtés (24:52) mais qui lui permet de déployer ses réflexions sur de nombreux terrains, littéraires comme théoriques, analysant le social au travers d’un prisme artistique (15:45). Pour sa part, elle souhaiterait pouvoir un jour se passer des catégories qui lui font porter la notion d’intersectionnalité haut et fort, et brûler pour de bon les carcans qui voudraient la cantonner à des espaces historiquement liés à la déshumanisation (28:40). Elle refuse le miroir aux alouettes de l’exceptionnalité (41:40), combat les preuves d’allégeance demandées par les structures de pouvoir en place pour accorder leur reconnaissance (38:00) et propose au contraire un combat commun contre les systèmes de domination où personne ne serait laissé sur le carreau. Autrice d’un bel article sur le fémonationalisme (51:02), elle met en garde contre l’utilisation fallacieuse de certaines luttes pour s’attaquer à d’autres et la force de ses écrits est un phare dans le brouillard sombre qui nous entoure ces derniers temps. Merci à toute l’équipe du Carreau du Temple pour leur accueil et pour avoir rendu cet épisode possible. Bonne écoute, et continuez de faire parler La Poudre ! La Poudre est une émission produite par Nouvelles Écoutes Réalisation et générique : Aurore Meyer-Mahieu Programmation et
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