Ep. 169 Coaching entrepreneurial et féminisme : un mariage plus que nécessaire
Depuis les 10 dernières années, les coachs business se sont multipliés dans le milieu du web.
C’est au point où quiconque a réussi à faire quelques centaines de milliers de dollars avec un cours en ligne ou un service populaire, que les voilà devenus experts en entrepreneuriat.
Naturellement, ça me fait beaucoup réfléchir à cette étiquette que je me suis moi-même accolée de coach business féministe.
Suite à mes conversations avec mes collègues chercheuse, mentores et spécialistes sur l’entrepreneuriat féminin, je me suis mise à réfléchir à comment on peut réellement accompagner les femmes (mais pas que!) dans leurs projets entrepreneuriaux.
Et au fil des discussion, une chose est revenue à l’unanimité : l’importance de travailler l’être en parallèle de l’entreprise et de ses stratégies.
Adopter l’identité d’entrepreneuse, de leader ou de CEO, ce n’est pas quelque chose qu’on fait en claquant des doigts parce qu’on s’est réveillées un matin avec une idée d’entreprise.
Comme tout changement identitaire, c’est un chemin de transformation.
Malheureusement, parce qu’historiquement, l’entrepreneuriat féminin n’était pas aussi encouragé et valorisé qu’il pourrait l’être aujourd’hui, on fait trop souvent ce chemin seule, sous pression et à l’aveuglette.
Et alors qu’arrive-t-il?
On se confronte invariablement à nos résistances et nos limitations.
Quand on est une femme en situation d’oppression systémique, ces limites sont plus souvent qu’autrement liées à nos traumas (grand “T” ou petit “t”), qu’ils soient personnels et intergénérationnels.
De ce fait, parce qu’on n’a pas les mots ou les outils pour reconnaître, nommer et travailler avec eux, on perpétue des modèles oppressifs avec/dans nos entreprises.
(C’est quelque chose dont je parle dans cet épisode sur les archétypes traumatiques qui inhibent notre parcours entrepreneurial).
Ça se décline notamment dans nos modèles d’affaires, notre pricing, notre façon d’approcher le risque et les investissements, les cadres que l’on met autour de notre disponibilité, notre capacité et notre productivité et, bien entendu, notre marketing et la valorisation de notre expertise.
Ce que je constate quand j’observe la façon dont les femmes — qu’elles en soient à leur 1ère ou 10e année d’exercice — approchent l’aventure entrepreneuriale, c’est qu’elles ont beau “accomplir” davantage année après année, elles restent prisonnières de schémas plus ou moins oppressifs.
Bien entendu, certaines vivent mieux avec ceux-ci que d’autres.
Et généralement, celles qui ont le plus de difficulté à garder le cap dans un état de résistance soutenue sont les personnes neurodivergentes, les rebelles, les personnes racisées et autres identités visibles et invisibles qui sont considérées “hors norme” par l’identité dominante.
(C’est là où l’approche systémique devient cruciale, car il est utile de pouvoir reconnaître comment certaines réalités invisibles influencent l’expérience de l’entrepreneure).
Donc qu’est-ce qu’on peut faire pour sortir des schémas répétitifs qu’on répète malgré nous dans notre entreprise?
On doit invariablement reconsidérer les règles du jeu en revenant d’abord et avant tout à soi-même : notre histoire, notre vision, notre pourquoi, notre contexte.
Dans le langage business, c’est ce que l’on appelle notre “positionnement”.
Trop souvent on considère le positionnement comme quelque chose qu’on fait à nos débuts et qu’on relègue aux oubliettes.
Mais au-delà de l’exercice stratégique purement commercial, la réflexion sur le positionnement va nous permettre de faire ressortir la matière brute — ou le carré de sable — avec lequel on joue. C’est ce carré de sable qui va déterminer les résultats possibles auxquels on peut aspirer avec notre entreprise.
C'est donc un travail fondamental, car il définit notre agentivité, notre champ des possibles.
Quand on arrive à un cul-de-sac avec notre entreprise (épuisement, manque de résultats, ratio effort/bénéfices disproportionné, perte de motivation, essoufflement, confusion ou désalignement…), c’est vers ce travail qu’il faut se tourner.
Ce n’est donc pas qu’une question de redéfinir son offre de service, son avatar client ou sa structure de prix… mais plutôt de réaffirmer notre identité entrepreneuriale (influencée par nos intersections identitaires) et revenir à la dimension de l’être-entrepreneur.
C’est ce travail qui peut alors tout changer pour les résultats qui vont découler.
À écouter sur le podcast : Ep. 163 Féminisme, capitalisme et entrepreneuriat peuvent-ils faire bon ménage?
Quand je “coach” mes clientes, donc, ce que l’on cherche à identifier avant tout, c’est le carré de sable (nouveau ou redéfini), car c’est lui qui va offrir un cadre de progression pour le déploiement de la vision.
Dans ce processus, on va identifier les résistances qui existent dans l’être-entrepreneur et qui se répercutent dans le modèle d’affaires, dans les systèmes de productivité, relations-clients et approche au marketing et à la visibilité.
Les fameux “blocages” ils sont généralement tous là, à la source : le positionnement de l’entrepreneur, qui est lui-même calqué dans les opportunités et possibilités que l’entrepreneure perçoit pour elle-même.
Mais attention, c’est ici que ça se complique un peu…
Comme on travaille au niveau de “résistances” et autour de potentiels traumas, de limitations réelles et imaginaires, on ne peut pas toujours approcher le problème par le biais rationnel-cognitif (aka, la “stratégie” pure et dure).
Il faut être plus rusée que nos injonctions et conditionnements internalisés.
C’est ici que l’approche que j’ai développée autour du coaching féministe, de l’intelligence somatique et de l’intervention de l’inconscient — ce que j’aime appelé la “matière noire” de notre psyché — nous permet de dépasser ces blocages.
Comme on veut désamorcer les résistances à la source, on doit être en mesure de travailler à la source.
C’est ce qui, par la suite, va nous permettre d’engendrer des changements au niveau de l’offre, des systèmes et des stratégies qui correspondront alors à une cohérence renouvelée.
Et cette cohérence, elle plaît autant au cerveau qu’au système nerveux.
Et qui dit système nerveux heureux, dit aussi plus de créativité, plus d’énergie… et plus de succès en tout et pour tout, qu'il soit financier ou en termes de notoriété et de longévité.
Une fois qu’on a établi cette sécurité interne, cet état de cohérence, c’est alors qu’on peut facilement appliquer n’importe quelle stratégie marketing ou modèle de pricing ou whatever ce que l’on veut implémenter, car il n’y a plus de “blocage” au niveau de l’être-entrepreneur.
Et ça, cette approche effectuale de l’entrepreneuriat, c’est ce qui nous mène vers des résultats durables et alignés.
Dans un monde où la majorité des systèmes financiers sont basés dans la surconsommation et l'exploitation, entreprendre selon ce nouveau paradigme est plus qu'une expérience philosophique, c'est devenu une question de survie.
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