Au programme le pianiste Monty Alexander avec son nouvel album "DDay".
L’album “D-Day” est le fruit d’amitiés croisées et de connivences artistiques souvent constatées entre Monty Alexander, le tourneur français VO Music et le label PeeWee !. Il contient un ensemble de compositions iconiques écrites dans la période de guerre et d’originaux.
I’ll Never Smile Again, écrit en 1939, fut un succès de Frank Sinatra pendant les années de la Seconde Guerre Mondiale. Smile, écrit par Charlie Chaplin pour son film Les temps modernes en 1936 : « Souriez même si votre cœur est douloureux, souriez même s’il se brise, tenez bon ».
D-Day (Just Wait), Why (that’s why), River of Peace et Restoration sont des compositions inspirées à Monty Alexander par le conflit et son extraordinaire dénouement. Il y explore les sentiments laissés par ce moment unique, l’héroïsme des combattants, l’espoir d’un nouveau départ, la confiance renouvelée en l’autre, le sens du sacrifice.
Enregistré principalement au Studio Sextan à Malakoff en octobre 2023, D-Day rassemble la quintessence de deux séances fleuves. On y entend un Monty Alexander plus introspectif qu’à l’habitude, sûr du temps à prendre pour atteindre la note juste, celle qui arrive seulement avec le sentiment de l’assurance. Avec les jeunes et brillants Luke Sellick et Jason Brown, sa rythmique actuelle, il trouve des partenaires à l’unisson de ses digressions harmoniques et rythmiques, en fusion totale, et toujours transpercés par le beat entêtant du reggae et le balancement contagieux du swing.
Plus que jamais, Monty Alexander joue « à l’oreille », spontanément. Et c’est bien là le privilège de certaines grandes oreilles de pouvoir accéder à une liberté d’expression totale.
Né le 6 juin 1944, il appartient à la génération des héros du piano jazz moderne. Issu d’un univers multiculturel et multi-ethnique, entre jazz et reggae, il est un véritable champion du Great American Song Book et le plus bel avatar du jazz jamaïcain au monde. Sa musique combine les rythmes de sa patrie caribéenne avec les harmonies et les formes nord-américaines.
A 16 ans, il est déjà un expert de toutes les musiques de danse de l’époque, chacha, merengue, calypso… Il se souvient : « C’était des musiques avec une pulsation, et selon votre façon, votre approche de cette pulse, le rythme devenait féroce et les gens voulaient danser, taper dans leurs mains. La musique surgissait de partout avec cet accent unique, ce rythme jamaïquain identifiable jusque dans la façon de parler, de marcher, de conduire ».
Exposé à tous les styles de musique dans les soirées dansantes, il se passionne également pour le rhythm’n’blues aussi bien que Nat King Cole ou les inventeurs du be bop qu’il entend à la radio et cherche à reproduire d’oreille. Il participe aux prémices du ska dans les studios de Kingston qui lui procurent ses premiers engagements.
Arrivé aux États-Unis à 17 ans, il ne tarde pas à subjuguer un certain Frank Sinatra qui lui facilite une arrivée tonitruante dans la cour des plus grands jazzmen de l’époque. Il accompagne les inventeurs du be-bop : Milt Jackson, Dizzy Gillespie, Johnny Griffin, Benny Golson et poursuit dans la tradition des grands pianistes swing et orchestraux : de Nat King Cole (en son temps lui-même influencé par Earl Fatha Hines ), puis Erroll Garner, Oscar Peterson, Ahmad Jamal et Wynton Kelly. Il forgera avec eux des relations d’amitiés indéfectibles.
Il enregistre pour la première fois sous son nom à l’âge de 20 ans. Un album survitaminé qui fait découvrir au monde le jeune prodige. La critique parle d’un « jazz facile d’accès, un swing joyeux, expansif, sans drame ». De ces années de formations initiales, Monty Alexander gardera toujours l’empreinte indélébile d’une ouverture totale sur un monde mélangé. Fort d’un esprit intransigeant, d’un dévouement total à son art et d’une intuition musicale rare, il a su depuis développer un style immédiatement reconnaissable.
Comme pour beaucoup de Jazz Giants, l’Europe des années 60, 70 et 80 est une terre d’accueil essentielle pour Monty Alexander et c’est aussi sur ces terres que sa stature internationale se renforce. L’Europe aime Monty qui le lui rend bien. « Montreux Alexander » (MPS records 1976), album aujourd’hui passé au panthéon du jazz, est un vibrant témoignage de cet attachement réciproque.
Après plus de 60 ans de carrière, il continue aujourd’hui d’écrire l’histoire.
Egalement au programme les sessions des années 50 du label Mercury Records et quelques titres du superbe pianiste peu connu Larry Bluth élève de Sal Mosca.
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