Au programme le nouvel album du guitariste Felix Lemerle.
Originaire de Paris, le guitariste et compositeur Félix Lemerle est devenu un membre très apprécié de la scène jazz de New York. Vivant à Brooklyn, il a très vite choisi une voie musicale dans la suite de son père bassiste de jazz. D’abord formé comme pianiste classique, il s’est orienté vers la guitare et le jazz à l’adolescence. Il présente aujourd’hui son album Blues For The End Of Time, enregistré en 2018 aux côtés des légendaires Jimmy Cobb & Bertha Hope. Entouré de son complice de longue date, lui aussi français vivant à New York Samuel Lerner au piano et d’une très convaincante rythmique avec les américains Ari Roland à la contrebasse et Jimmy Cobb à la batterie, il interprète un répertoire original marqué du son (du sceau?) de sa ville d’adoption.
Le jazz en majesté
Pour ceux qui ne le connaissent pas, quelques détails biographiques évocateurs. Félix Lemerle a très tôt commencé à se produire en France et en Europe dans des clubs et des festivals. Une fois son diplôme en poche en jazz et musique improvisée obtenu au CRR de Paris, il a très vite cherché à se rapprocher de la ville du Jazz en déménageant à New York en tant que boursier Fulbright pour finaliser son Master en interprétation jazz au CUNY Queens College. Sa renommée est apparue très vite, il s’est produit et a enregistré tout en participant à des tournées avec certains des plus grands musiciens du monde. Diplômé de la Juilliard School avec un diplôme d’artiste en études de jazz, Félix Lemerle est devenu un guitariste très demandé, apparu notamment au Carnegie Hall, Chris’ Jazz Cafe, BLU Jazz+, Dirty Dog, Fat Cat, Jazz in Marciac, Sunset/Sunside ou au Duc des Lombards. Félix travaille régulièrement à New York avec ses propres groupes comme le Raise Four. Côté concours, il a remporté le 1er prix au Eddie Lang Guitar Contest 2012 en Italie et le 2ème prix au Jarek Śmietana Guitar Competition 2015 en Pologne. Il est apparu sur de nombreux albums, comme celui de Peter & Will Anderson, Samuel Lerner, Nathan Brown & Yoav Trifman. Blues For The End Of Time est son premier album, avec notamment Jimmy Cobb, Bertha Hope, Ari Roland, Samuel Lerner.
L’album est à découvrir pour se laisser transporter par de douces mélopées jazz. Blues of the end of Time est un grand moment de jazz à ne pas manquer.
Egalement au sommaire le centième anniversaire du tromboniste JJ Johnson. Tromboniste de jazz, Jay Jay Johnson, de son vrai nom James Louis Johnson, est né le 22 janvier 1924 à Indianapolis et mort le 4 février 2001 dans la même ville. Grâce à un son tout en rondeur, une technique incroyable et une dextérité proche d’un saxophoniste, Jay Jay Johnson a su faire évoluer l’instrument, démontrant ainsi que le trombone avait sa place au sein du bebop — le tromboniste Bob Brookmeyer dira de lui qu’il est le « Charlie Parker de son instrument » —. Il a probablement été l’un des trombonistes de jazz les plus influents. Il était également compositeur — il laisse au jazz quelques standards dont Lament, Enigma et Kelo — et arrangeur.
Après avoir étudié le piano dès l'âge de 9 ans, il commença le trombone à 14 ans. Il commença sa carrière professionnelle aux côtés de Clarence Love en 1941, puis de Snookum Russel en 1942. C'est avec ce dernier qu'il rencontra le trompettiste Fats Navarro. Le jeu de Navarro eut une forte influence sur lui et le fit évoluer vers un phrasé et un son rappelant celui du saxophoniste ténor Lester Young. Il joua dans l’orchestre de Benny Carter de 1942 à 1945 puis, entre 1945 et 1946, rejoignit à New York celui de Count Basie, qui enregistra une de ces compositions. En 1944, il participa à la tournée Jazz at the Philharmonic de Norman Granz.
En 1946, il quitta Basie pour se tourner vers les petites formations du bebop naissant aux côtés, entre autres, de Max Roach, Illinois Jacquet, Sonny Stitt, Bud Powell, Charlie Parker, Woody Herman et Dizzy Gillespie. Son incroyable dextérité pour manier la coulisse — la légende affirme que beaucoup, en l’entendant, crurent qu’il jouait du trombone à pistons — contribua à faire accepter l’instrument dans ce genre aux tempos très enlevés. En 1951, il partit avec le bassiste Oscar Pettiford pour une tournée dans les camps militaires du Japon et de Corée, avant de stopper une première fois sa carrière musicale.
Il revint en 1954, quand le producteur Ozzie Cadena le persuada de monter un quintette avec le tromboniste danois Kai Winding : le «Jay and Kai quintet». Les sonorités des deux musiciens, bien que très différentes, se conjuguant somptueusement, cet ensemble fut un véritable succès musical et commercial qui perdura jusqu’en 1956. Le duo se reforma en 1960 et 1968. Entre-temps, Jay Jay se produisit dans de petites formations autour du hard bop.
À partir des années 1960, Jay Jay Johnson se consacra de plus en plus à la composition et dirigea divers ensembles. À cette époque, il écrivit ses trois plus célèbres compositions : Lament, Enigma et Kelo. En 1961, il composa pour Dizzy Gillespie Perception, une suite en six mouvements. Il enregistra encore de nombreux albums en tant que soliste, se produisit avec l’ensemble de Miles Davis en 1961, Bobby Jaspar en 1964 et la même année, partit en tournée au Japon et en Europe avec Sonny Stitt.
En 1970, Quincy Jones le convainquit de s’installer en Californie pour composer pour le cinéma et la télévision, ce qu’il fit en écrivant entre autres les musiques des films Les Nuits rouges de Harlem, Cleopatra Jones et Top of the heap, ainsi que des séries télévisées Starsky et Hutch, Mike Hammer et L'Homme qui valait trois milliards. Son investissement dans la composition se fit au détriment de ses apparitions sur scène, même si l’on put le voir encore en 1977 au Japon, en 1984 en Europe, dans une tournée aux États-Unis qui se termina au Village Vanguard en 1987, puis à Paris en 1993. En 1997, atteint d’un cancer de la prostate, il abandonna définitivement le trombone, continuant à se consacrer exclusivement à la composition.
Le 4 février 2001 à Indianapolis, il décide volontairement de quitter ce monde pour devenir un tromboniste de légende.
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