Au programme, Stephen Paul Motian est un batteur et percussionniste américain de jazz, né le 25 mars 1931 à Philadelphie, Pennsylvanie et mort à Harlem le 22 novembre 2011.
Issu d'une famille d’origine arménienne, Paul Motian, grandit à Providence (Rhode Island). Enfant, son intérêt pour les westerns l'amène à prendre ses premières leçons de guitare. Dans sa famille non musicienne mais très mélomane, il se nourrit de variété américaine et de musiques traditionnelles arméniennes . Il étudie ensuite la batterie, à l'âge de douze ans et joue alors dans des orchestres scolaires jusqu'à son entrée au collège en 1949. C’est à l’âge de quinze ans qu’il commence à découvrir le jazz. Puis il participe à des concerts locaux aux environs de la ville de Providence. Engagé dans un orchestre, il part en tournée en Nouvelle-Angleterre. Il écoute alors les novateurs de l'époque : Charlie Parker, Bud Powell, Dizzy Gillespie mais aussi Max Roach.
Afin d’échapper à la guerre de Corée, Paul Motian s’engage dans la Marine. Après sa démobilisation en 1954, il s’installe à New York et débute alors sa carrière de musicien professionnel aux côtés de George Wallington et Jerry Wald. C’est chez ce dernier qu’il rencontre le pianiste Bill Evans en 1955. Quatre ans plus tard, il deviendra le batteur régulier du trio du même pianiste avec à la contrebasse Scott LaFaro (jusqu’à sa mort en 1961), Chuck Israels puis Gary Peacock. En 1956, il enregistre aux côtés de George Russell, l’année suivante, il collabore aux orchestres d’Oscar Pettiford et de Tony Scott. En 1958, il côtoie Lennie Tristano, Warne Marsh, le duo Al Cohn et Zoot Sims. John Coltrane lui proposera de devenir son second batteur dans sa formation. Motian déclinera la proposition. En 1960, durant une semaine, il remplacera Elvin Jones pour jouer avec Thelonious Monk à Boston.
Avant de quitter Bill Evans en 1964, il s’associe à Paul Bley et commence à fréquenter la nouvelle génération du jazz de l’époque : Albert Ayler, Don Cherry, Pharoah Sanders. Mose Allison l’engage dans sa formation en 1965. À la fin des années 1960, il remplace temporairement Jack DeJohnette dans le quartette de Charles Lloyd.
Keith Jarrett fait appel à Paul Motian et à Charlie Haden pour la création de son nouveau trio en 1968 ; la formation est augmentée en 1972 du saxophoniste Dewey Redman. La collaboration sera régulière jusqu’en 1977 et enregistrera de nombreux disques pour Atlantic, Impulse! puis ECM.
Ambiance sonore plus que musique de film, Paul Motian est l’auteur en 1970 de la bande-son de Punishment Park, le long-métrage réalisé par Peter Watkins.
Il participe à l’enregistrement du mythique Escalator over the Hill dans l’orchestre qu’avait réuni Carla Bley en 1971 pour la création de cet opéra jazz sur des textes de Paul Haines.
Manfred Eicher produira les premiers disques en leader du batteur sur sa firme ECM : Conception Vessel, en 1972 dans lequel on trouve notamment son goût pour les musiques traditionnelles (d’Arménie : Georgian Bay, du Japon : Ch'i Energy, du Vietnam : Inspiration from a Vietnamese Lullaby et des Indiens d’Amérique : American Indian : Song of Sitting Bull) ainsi qu’un duo avec Keith Jarrett. Puis l’album Tribute en 1974.
À l’issue de sa collaboration avec Keith Jarrett, il réunit sa première formation avec le saxophoniste Charles Brackeen et le contrebassiste David Izenzon, ce dernier sera remplacé par le norvégien Arild Andersen puis par Jean-François Jenny-Clark.
Sa nouvelle formation en 1981 est un quintette qui réunit Joe Lovano au saxophone ténor, Jim Pepper aux saxophones ténor et soprano, le guitariste Bill Frisell et le contrebassiste Ed Schuller.
En 1984, l’album It Should've Happened A Long Time Ago enregistré sur ECM inaugure le trio réuni par Motian avec Bill Frisell et Joe Lovano. Cette formation sera modulable au fil du temps par la collaboration de musiciens invités lors de concerts ou d’enregistrements (Marc Johnson, Lee Konitz, Dewey Redman, Geri Allen…). Le batteur reste en même temps très actif sur la scène du jazz en tant que sideman auprès de musiciens d’horizons et de nationalités différents : Henri Texier, Geri Allen, Masabumi Kikuchi, Marilyn Crispell, Enrico Pieranunzi ou Eric Watson.
Sa collaboration au Liberation Music Orchestra sera constante depuis sa création en 1969 jusqu’au début des années 2000.
À la fin des années 1990, il fonde le Trio 2000 + 1 avec, comme membres réguliers, Chris Potter (saxophone) et Larry Grenadier (contrebasse) auxquels s’ajoute un ou plusieurs musiciens invités. À la même période, il crée l’Electric Bebop Band regroupant deux guitaristes, deux saxophonistes, une basse et la batterie du leader, ce groupe revisitant pour la plupart, le répertoire bebop. Ces deux formations sont produites par la firme discographique allemande Winter & Winter.
Si depuis le milieu des années 2000, Paul Motian avait décidé de ne plus se produire à l’étranger, ce n’était nullement pour des raisons de santé mais à cause d'une certaine fatigue de la fréquence de ses voyages passés. Après avoir fêté ses 80 ans, c'était à New York que le musicien avait décidé de poursuivre sa longue carrière musicale, obligeant les musiciens européens à se rendre aux États-Unis pour enregistrer avec le batteur (Songs From The Last Century avec Daniel Yvinec, Guillaume de Chassy Mark Murphy et Alexandra Grimal).
Atteint d'une maladie de la moelle osseuse (syndrome myélodysplasique), il meurt le 22 novembre 2011 à l’hôpital Mont Sinaï (Harlem), à l'âge de quatre-vingts ans.
Coloriste et créateur d’ambiance plus que rythmicien, le style de Paul Motian bouleverse les conventions de la batterie. La grosse caisse lui sert davantage à accentuer ses phrases musicales qu’à marquer le tempo (After Dark in Paul Bley Quartet de Paul Bley). Son jeu de balais impeccable et la délicatesse de son toucher font de lui un musicien facilement identifiable. Sa capacité d'aborder la batterie de manière mélodique ou rythmique s'inscrit facilement dans le concept initié par Bill Evans puis développé par la suite par Jimmy Giuffre où le rôle de chaque musicien est interchangeable (Not Two, Not One avec Paul Bley et Gary Peacock). Car, fait nouveau dans cette discipline, Paul Motian est un mélodiste de la batterie. Enfin, ses qualités de compositeur ont permis à d'autres musiciens l’enregistrement d’albums entièrement dévolus à la musique du batteur (Joel Harrison, The Music of Paul Motian).
Egalement au programme le saxophoniste israélien Eli Degibri. Eli Degibri né le 3 mai 1978 à Jaffa, en Israël, est un saxophoniste et compositeur de jazz. Il fait partie des leaders de la scène de jazz israélienne au côté d'Avishai Cohen ou Omer Avital.
Eli Degibri a commencé par apprendre la mandoline à l'âge de 7 ans au conservatoire de musique de Jaffa grâce à un programme de formation après l'école. Trois ans plus tard, après avoir assisté à un concert de jazz, il est tombé amoureux du saxophone et il a décidé d'étudier cet instrument.
En 1994, Eli Degibri a reçu une bourse d'études pour participer à un programme d'été au sein de la prestigieuse école de musique Berklee College of Music. L'année suivante, il remporte à nouveau une bourse d'études qui lui permet de participer une seconde fois au programme d'été à Berklee.
En 1997, à l'âge de 18 ans, Eli Degibri reçoit une bourse d'études complète qui lui permet d'étudier au Berklee College of Music et s'installe aux États-Unis. Après un an passé au Berklee, il fait partie des seulement 6 musiciens sélectionnés pour participer au programme de l'institut de jazz Thelonious Monk1,2, où Eli Degibri a pu étudier et jouer avec, entre autres, Ron Carter, Benny Golson, Jimmy Heath et Clark Terry.
Diplômé de l'institut Thelonious Monk en 1999, Eli Degibri est sollicité pour rejoindre la formation en sextet du pianiste Herbie Hancock pour interpréter son album, Gerswin's World. Eli Degibri fait le tour du monde au sein de cette formation, pendant deux ans et demi et est présent dans le DVD spécial d'Herbie Hancock en 2002 The Jazz Channel Presents Herbie Hancock.
En 2002, Eli Degibri s'installe à New York, où il forme son premier quintette, composé de Kurt Rosenwinkel, Aaron Goldberg, Ben Street and Jeff Ballard. Le groupe est amené à jouer régulièrement dans les clubs de jazz new-yorkais : le Blue Note, le Jazz Standard, le 55 Bar et le Smalls Jazz Club. La même année, Eli Degibri rejoint le quartet du batteur Al Foster.
En 2003, Eli Degibri sort son premier disque, In The Beginning, avec son quintette, sur le label Fresh Sound3.
En 2006, Il sort un deuxième album, Emotionally Available, sur le même label Fresh Sound, toujours accompagné par Aaron Goldberg au piano, Ben Street à la contrebasse and Jeff Ballard à la batterie. Cette même année, il enregistre un autre album, One Little Song, en duo avec le pianiste Kevin Hays.
Eli Degibri a participé en 2008, au disque d'Al Foster, Love, Peace and Jazz4, un enregistrement en direct du légendaire club new yorkais le Village Vanguard. Il sera également présent dans le long métrage d'Al Foster, The Paris Concert5. Un concert du quartette d'Al Foster au Village Vanguard, a été retransmis sur les ondes de la radio NPR le 21 mai 20086.
En 2008, Eli Degibri forme son propre trio en compagnie de Gary Versace et Obed Calvaire avec lesquels il enregistre son 4e disque, Live at Louis 6497.
En 2010, il enregistre son disque Israeli Song sur le label Anzic Records, avec Ron Carter à la contre basse, Al Foster à la batterie et Brad Mehldau au piano.
En janvier 2011 Eli Degibri a été invité pour diriger la première édition du festival de jazz en Israël, à Eilat, le Red Sea Jazz Festival. Il y a joué un duo avec le pianiste Kenny Barron8. En avril 2011 Eli Degibri rejoint à nouveau le batteur Al Foster et le bassiste George Mraz ainsi que le pianiste Fred Hersh au club de jazz new yorkais le Birdland pour rendre hommage à la musique du défunt Joe Henderson9. La même année, le quartette a été invité pour jouer au North Sea Jazz Festival10 et au Gent Jazz Festival.
En octobre 2011, Eli Degibri a été choisi pour succéder au contrebassiste Avishai Cohen en tant que directeur artistique du Red Sea Jazz Festival11.
En avril 2012, Eli Degibri a été invité pour participer à la première journée internationale du jazz organisée par l'UNESCO à l'Assemblée Général de l'ONU à New York, au côté de nombreux musiciens de jazz parmi les plus talentueux dans le monde12.
En avril 2013, Eli Degibri enregistre son 6e disque, Twelve, sur son propre label PiLi Records en collaboration avec le label Plus Loin Music13. Dans cet album il est accompagné de jeunes musiciens talentueux, le pianiste Gadi Lehavi, le batteur Ofri Nehemya et le contrebassite Barak Mori.
Eli Degibri a aussi travaillé avec Eric Reed.et le Mingus Big Band.
Et enfin les session du saxophoniste ténor Al Cohn avec le trio du pianiste Barry Harris dans les années 70 à New York. Al Cohn, de son vrai nom Alvin Gilbert Cohn, né à Brooklyn, New York, le 24 novembre 1925 et mort à Stroudsburg en Pennsylvanie, le 15 février 1988, est un saxophoniste ténor, arrangeur et compositeur de jazz américain. C'est un des plus brillants représentants du cool jazz.
Né dans une famille de mélomanes, Al Cohn commence l'apprentissage de la musique à six ans avec le piano. À douze ans, il découvre le jazz grâce à la radio et au disque, particulièrement les grands orchestres swing de Benny Goodman et Count Basie. Après la clarinette, il joue du ténor dans l'orchestre de son école. Il débute professionnellement au milieu des années 1940 dans les orchestres de Joe Marsala, Georgie Auld avant de rejoindre l'orchestre de Woody Herman en 1947. Il intègre ainsi la fameuse section des Four Brothers remplaçant Herbie Steward. Dans cet orchestre, il se trouve toutefois un peu dans l'ombre des deux stars Stan Getz et Zoot Sims. Après un passage chez Artie Shaw (1949-1950), il devient dans les années 1950 un musicien free lance. En 1956, il forme un quintette avec Zoot Sims. Ils se produisent ensemble au Half Note de New York de 1959 à 1971. Il devient un arrangeur très demandé par les Big Bands (Gerry Mulligan, Quincy Jones), le cinéma ou la télévision.
Sa première femme était Marilyn Moore, chanteuse de jazz dans les années '50. Son fils Joe Cohn est guitariste de jazz, et Shaye Cohn, du groupe de jazz Tuba Skinny, est la fille de Joe et Flo Handy, chanteuse et compositrice de jazz. Finesse et intelligence sont les principales qualités du jeu d'Al Cohn. Fortement influencé par Lester Young, il est un des grands musiciens du cool jazz. Très à l'aise dans les ballades et les tempos médium, son jeu s'accompagne d'une certaine distance un peu froide renforcée par une sonorité détimbrée et assez lisse. À l'instar de Stan Getz, sa sonorité deviendra au fil des ans plus timbrée et plus expressive
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