Sorti fin octobre 2022, mais pas forcément promu comme il le mérite, cet album devrait ravir tous ceux qui aiment leur blues respectueux de la tradition, rendu intemporel grâce à un dynamisme de tous les instants, une fraîcheur musicale et sonore, et un répertoire varié.
Le titre du disque reprend celui d’une des chansons, mais désigne tout autant les deux artistes en vedettes. Martin Lang et Rusty Zinn sont deux Messieurs du blues, qui vibrent de tout ce qui constitue cette musique : talent instrumental et vocal, expérience, roublardise et surtout capacité à faire passer le feeling sans jamais en faire trop. L’un est harmoniciste avec une voix profonde, formé à Chicago, l’autre est guitariste avec une voix plus haut perchée et vient de la Côte Ouest, les deux ensemble donnent un répertoire cultivé, dans le temps et la géographie.
Blues en boogie, avec le formidable Wasted en ouverture et son harmonica en troisième position, funky avec l’excellent Crying the blues et son ambiance sombre, sudiste ou chicagoan, années 1940, 1950 ou 1960, partout entraînant, c’est une musique qui fait taper des pieds, avec des rythmes variés et un placement délicieusement laidback. Les deux voix savent mélanger l’urgence, la menace voilée et l’humour sous-jacent, et leurs différences évoquées plus haut en rehaussent l’attrait.
Le jeu de guitare de Rusty est fluide, clair, délié, celui de Martin à l’harmonica semble préserver le son amplifié brut des années 1950 et 1960. Les deux laissent de la place pour respirer, et entendre le reste de l’orchestre, avec des pointures comme Billy Flynn, Gerry Hundt, Frank Krakowski ou Johnny Iguana, permettant ainsi à l’auditeur de combler les blancs dans sa tête selon ses envies, surtout celle de tout réécouter pour prolonger le plaisir.
En deuxième partie petit portrait d'Otis Rush. Il est né le 29 avril 1935 à Philadelphia aux États-Unis (État du Mississippi), Otis Rush déménage au début des années 1950 à Chicago où il devient un des leaders de la scène blues. Il est gaucher mais il joue d’un instrument pour droitier à l'envers sans en changer les cordes (upside down). D’aucuns pensent d’ailleurs que cela contribue au son très distinctif qui est le sien. Parmi d’autres guitaristes qui emploient cette méthode on peut citer : Albert King, Dick Dale, Doyle Bramhall II, Coco Montoya, Rusty Burns et Lefty Dizz. Rapidement il commence à se faire un nom en jouant dans les clubs du South Side et du West Side. Avec son chant déclamatoire et théâtral, porté par sa voix de baryton très soul et ses solos très expressifs, Otis Rush crée un style personnel. Cette combinaison, plus agressive que ce qui se faisait à ce moment-là à Chicago, va inspirer des guitaristes comme Luther Allison ou Freddy King.
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