Le roselin du Mexique est un oiseau extrêmement adaptable. Introduit plus ou moins accidentellement en Amérique du Nord, il y prospère aujourd'hui aussi bien dans la nature que dans les villes, au point que même nos déchets ont trouvé une utilité dans sa vie quotidienne.
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Transcription du podcast :
Bienvenue dans Bêtes de Science, le podcast Futura qui fait la part belle aux animaux. Je suis Marie et pour ce nouvel épisode, on va s’intéresser à un oiseau qui a su transformer nos déchets en véritables produits miracles.
On l’appelle Haemorhous mexicanus, carpodaque ou encore roselin du Mexique. Son plumage pourrait être banal, proche de celui du moineau, mais il se distingue par une tache rouge intense, comme si notre petit oiseau s’était pris un pot de peinture dans la tête ou qu’il avait participé à la Holi, cette hindoue où l’on s’envoie des poudres de couleurs vives dans le visage.
Ce passereau est originaire du Mexique, comme son nom l’indique, mais on le trouve aujourd’hui partout en Amérique du Nord. En effet, dans les années 40, il est importé et vendu illégalement sous le nom de « roselin d’Hollywood » aux États-Unis, où il connaît un grand succès commercial. La loi finit cependant par rattraper les propriétaires et les vendeurs d’oiseaux qui décident de relâcher leur marchandise dans la nature plutôt que de risquer l’amende. Mais ce genre d’acte a toujours des conséquences sur la nature.
Résultat : le carpodaque se diffuse sur un vaste territoire dont il n’était pas originaire mais où il prospère pourtant encore de nos jours, et se porte plutôt bien. Il est même devenu une source d’alimentation importante pour les prédateurs et un disséminateur des graines bénéfique pour la flore locale. Très sociable, il réside aussi bien dans la nature que dans les villes, où il investit les nichoirs avec sa moitié. Car le roselin du mexique est monogame, et pour séduire sa dulcinée, il réalise une parade nuptiale impressionnante, avec pour point culminant une figure que les chercheurs ont baptisée le « vol du papillon ». Durant celle-ci, le mâle monte en vol à une altitude de 20 ou 30 mètres puis redescend lentement jusqu'à son perchoir en chantant gracieusement pour sa douce. Un grand romantique ce petit oiseau !
Mais s’il nous intéresse aujourd’hui, ce n’est pas tant pour ses talents d’artiste aérien que pour son intelligence. Une intelligence qui lui a permis de s’adapter merveilleusement au monde des humains et de tirer des bénéfices de nos déchets les plus dégoûtants comme… les mégots de cigarette.
En effet, les chercheurs ont constaté que les roselins vivant en ville ont pour habitude de compléter la construction de leurs nids avec quelques mégots savamment disposés : parfois plus d’une dizaine d’entre eux, parfois simplement un filtre ou deux, décortiqués de leur papier. Mais pourquoi donc remplir sa maison de ces détritus qui, disons-le franchement, ne sentent pas très bon ? Vous devinez ?
Une équipe de scientifiques de l’université du Mexique s’est penchée sur la question et a découvert que cette pratique permettait d’éloigner les parasites, et en particulier les redoutables tiques qui aiment sucer le sang des oiseaux et s’attaquer à leurs plumes. En effet, chimistes amateurs ou pas, les roselins ont bien compris que la nicotine agit comme un insecticide très efficace – tant et si bien d’ailleurs que les néonicotinoïdes sont aujourd’hui tristement célèbres pour leur impact délétère sur les populations d’abeilles.
Malheureusement, cette idée brillante s’accompagne d’un effet secondaire plutôt problématique pour les oiseaux, car on connaît les composants néfastes de la cigarette. Des études ont confirmé que ces produits chimiques interfèrent avec la division cellulaire. Dit plus simplement, bien que les mégots les protègent des parasites, ils pourraient bien aussi avoir un effet négatif sur la santé des oisillons à mesure qu’ils grandissent. Les scientifiques ignorent encore si les oiseaux n’ont pas conscience de ce phénomène ou s’ils estiment que le jeu en vaut malgré tout la chandelle.
Quoi qu’il en soit, force est quand même de reconnaître que ce petit passereau en a dans la cervelle. Capable de comprendre le pouvoir invisible des objets que nous jetons dans les rues, il sait les utiliser à son avantage et nous montre au passage que si le recyclage est à la portée des oiseaux, il est à la portée de tous. Alors, pas si bête, le roselin du Mexique !
Merci d'avoir suivi cet épisode de Bêtes de science. Vous pouvez retrouver la chronique originale de Nathalie Mayer sur Futura et le podcast sur Spotify, Deezer, Apple Podcast, et bien d’autres. Pensez à vous abonner pour ne plus manquer un seul épisode et retrouvez nos autres podcasts sur vos applications audio préférées. On se retrouve dans deux semaines, avec de nouveaux comportements toujours aussi étonnants. À bientôt !
Musique et bruitages :
Silly Intro et Freedom, par Alexander Nakarada
Sardana, par Kevin MacLeod
Cinematic Suspense Series Episode 009, par Sascha Ende®
Creations, par Rafael Krux
Licence: https://filmmusic.io/standard-license
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