Présidence de la Ceni : blocage encore au sein des confessions religieuses
Mardi 27 juillet, toute la classe politique congolaise a les yeux braqués sur le siège de l’épiscopat où la plateforme des confessions religieuses négocie pour désigner le président de la Commission électorale nationale indépendante. Ce jour-là , à la veille de la date limite de dépôt des candidatures, les confessions religieuses auditionnent quatre candidats présidents. Le résultat à la fin de la journée ? Manque de consensus, comme en juin 2020. Ensuite, ce 30 juillet, une nouvelle plénière aboutit à un rapport commun qui sera déposé à l’Assemblée nationale, mais personne ne s’avance sur le consensus.
Bonjour ! Je m’appelle Joshua Walker et je suis le directeur de programme du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New-York. Nous sommes le vendredi 30 juillet..
Dans ce 24e numéro de Po na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d’actualité au Congo, enregistré à 17 heures, nous discutons des controverses autour de la désignation du président de la Ceni par les confessions religieuses.
Le 23 juillet, la plateforme des confessions religieuses publie un communiqué qui dénonce des “pressions, des intimidations et des menaces de toute sorte” envers ses membres. Allusion à l’ingérence de la politique dans leur choix du candidat.
Puis, le soir du 27 juillet, après de longues discussions, les messages publics des chefs des confessions religieuses sont partagés. Il y a désaccord entre, d’un côté, les chefs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (l'Église catholique) et de l’Eglise du Christ au Congo (l'Église protestante), qui avaient lancé une motion de suspension de la séance, et de l’autre, les chefs des 6 autres confessions religieuses. Alors que les 2 premiers quittent la séance, les 6 autres sont allés reprendre  les discussions ailleurs, à l’issue desquelles ils indiquent avoir terminé leur travail, sans pour autant mentionner qui ils ont choisi. Mais c’est un secret de polichinelle : il s’agit de Denis Kadima, le directeur exécutif de l’Institut électoral pour la démocratie durable en Afrique, basé à Johannesburg. Si Kadima ne fait pas l’unanimité, c’est parce que les églises catholique et protestante l’estiment proche du président Félix Tshisekedi et de son parti, l’UDPS--ce que l’intéressé dément.
Finalement, le 28 juillet, après des discussions séparées avec les 2 blocs, le bureau du président de l’Assemblée nationale accorde un délai supplémentaire de 48 heures aux confessions religieuses pour transmettre les dossiers de leurs candidats, soit au plus tard ce 30 juillet à minuit.
La controverse autour du choix du président de la Ceni en dit long sur la politisation du processus électoral en RDC. Est-ce possible de l’éviter, surtout que le caractère politique de la Ceni est inscrit dans les textes qui la régissent depuis les Accords de Sun City ? Ou bien, comme le GEC l’avait suggéré dans un récent rapport, faudrait-il plutôt mettre l'accent sur des garde-fous, la dépolitisation totale étant visiblement impossible au stade actuel ?
Cela amène à une autre question :  les confessions religieuses sont-elles les mieux placées pour faire un choix indépendant, compte tenu des tentatives récurrentes de les influencer par les politiques ? Auraient-elles pris "goût" de la politique à travers le rôle important qui leur est accordé dans le processus électoral ? Si oui, comment mieux les mettre à l’abri des influences politiques ? Dans la version initiale de la proposition Lutundula, il était suggéré que les membres de la Ceni soient désignés de manière paritaire par la société civile, la majorité et l’opposition. Et que le président soit ensuite proposé par la société civile, mais désigné par consensus des trois composantes de cette représentation paritaire.
Que feront les 2 églises pour qui, jusque-là , la désignation de Kadima était une ligne rouge ? Si la Cenco et l’ECC ne trouvent toujours pas de consensus avec les autres confessions, seront-elles perçues comme des obstacles au processus ou plutôt comme des fermes garantes de l’indépendance de la Ceni ? Lors de la dernière élection, ces deux confessions avaient déployé le plus grand nombre d’observateurs sur le terrain.
En attendant le dénouement de cette crise, vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre téléphone.
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